Des millions de pangolins, tout comme des requins sont tués chaque année dans un premier temps pour satisfaire les besoins de la médecine traditionnelle chinoise et dans un second temps pour la viande, avec la fameuse soupe d’ailerons de requins et aussi le méchoui de la viande de pangolins. Du coup, le braconnage et le commerce illégal entraînent une chute des populations de pangolin dans le monde entier. Et, la pêche illégale fait subir aux requins un déclin silencieux qui ne dit pas son nom.
En effet, chaque année une centaine de millions de requins sont tués dans le monde par la pêche commerciale. Une centaine de millions, chaque année. Il est déjà difficile de saisir un million, mais une centaine de millions, chaque année, cela dépasse l’imagination de tous, une habitude qui contribue au massacre des requins. Du coup, un tiers de toutes les espèces de requins sont menacées d’extinction.
Selon l’IFAW, seuls 25 % environ du commerce international des ailerons de requin sont soumis à des exigences de durabilité en matière d’approvisionnement. Autrement dit : 75 % ne le sont pas ! Ce qui veut dire que les pays peuvent commercialiser ces espèces de requins capturées sans s’assurer qu’elles proviennent d’une source légale ou qu’elles sont commercialisées en nombre durable.
Pour pêcher le requin, certains braconniers vont dans les parcs naturels marins comme les îles Galapagos en Équateur où sa pêche est interdite. Ce qui entraîna une baisse considérable de la population des requins de 70 % à 95 % selon les espèces. 18 espèces de requins sont en voie de disparition, selon un recensement de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).
Pendant que la COP30 du 10 au 22 novembre 2025, battait son plein à Belém au Brésil, la police péruvienne a saisi plus de six tonnes d’ailerons de requins qui devaient être exportés illégalement vers l’Asie. Cette cargaison, valorisée à huit millions de dollars américains sur le marché asiatique, est l’une des plus importantes jamais découverte dans le pays.
Différentes zones d’expédition des ailerons de contrebande sont identifiables à travers le monde, mais celles qui cumulent le plus de saisies en volume sont le Pacifique tropical oriental, une région maritime qui s’étend du Pérou au Mexique, et le golfe de Guinée, élargi à quelques États d’Afrique de l’Ouest. Une analyse des saisies mondiales d’ailerons de requins démontre que ces deux zones totalisent respectivement 47 % et 31 % des saisies globales d’ailerons de contrebande entre 2019 et 2025.
Dans le golfe de Guinée, les pêcheurs locaux débarquent toujours le requin entier. Les ailerons sont généralement exportés vers l’Asie, mais la viande se consomme localement : le requin est souvent le poisson le moins cher du marché.
Aussi, les ventes de ses écailles de pangolin pour satisfaire les besoins de la médecine traditionnelle chinoise et sa viande considérée comme un mets raffiné, ont fait du pangolin le mammifère le plus trafiqué au monde. La survie du pangolin reste menacée, bien que le commerce international des pangolins soit interdit.
Mais malgré ces mesures de protections, un nouveau rapport de l’UICN, constate que les saisies d’écailles et de viande de pangolin ont atteint un niveau record en 2019. À l’échelle mondiale, plus de 128 tonnes ont été interceptées, soit une augmentation de plus de 200 % par rapport à 2014.
Souvent décrits comme des « fourmiliers à écailles », les pangolins sont les seuls mammifères au monde à posséder de vraies écailles, une sorte de cuirassé en kératine. Bien que ces écailles puissent protéger les pangolins de bien des dangers – même de la morsure d’un lion – elles ne sont d’aucune utilité contre les Hommes, la plus grande menace pour cet animal.
Le commerce des quatre espèces de pangolins asiatiques est en déclin car ils deviennent de plus en plus difficiles à trouver à l’état sauvage. Au lieu de cela, les trafiquants se sont tournés vers les quatre espèces africaines de pangolins pour répondre à la demande ; l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont de fait devenues des plaques tournantes majeures.
« En cooptant les chaînes d’approvisionnement de viande de brousse existantes en Afrique et en mêlant leur activité illégale au marché existant de la médecine traditionnelle chinoise, les principaux trafiquants ont augmenté l’offre entre l’Afrique et l’Asie à des niveaux alarmants », regrette Faith Hornor, directrice du programme C4ADS.
En Afrique de l’ouest, le Nigeria constitue une plaque tournante du trafic de l’espèce. Depuis 2021, le Kenya a enregistré́ 20 cas de saisies de pangolins dans les aéroports. Singapour a intercepté une cargaison de 14,2 tonnes et une cargaison de 14 tonnes, en provenance de l’Afrique occidentale et centrale en 2019.
Près de 90 % des écailles de pangolins saisies depuis sont originaires ou ont transité par le Nigeria et le Kenya. En avril 2020, les douanes malaisiennes ont saisi une cargaison de 6 tonnes d’écailles de pangolin cachées dans des sacs d’arachides en provenance du Nigeria, à destination du Vietnam.
En mars 2020, des milliers de kilogrammes d’écailles de pangolin, d’une valeur de 5 millions d’euros, ont été́ saisies à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. Le Réseau EAGLE (Eco Activists for Governance and Law Enforcement), une organisation qui lutte contre la criminalité́ liée aux espèces sauvages, a aidé́ les douanes camerounaises cette la saisie.
Au Togo, il n’existe pas de données exacte sur la diminution des populations de pangolins, mais leur raréfaction reste évidente. La destruction des forêts et la surexploitation ont fait grimper leur prix. En décembre 2018, une saisie de 37 kg d’écailles a été opérée par les agents de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Drogues et du Blanchiment (OCRTIDB), avec le soutien technique d’EAGLE-Togo.
Le Code pénal, dans son volet environnement sanctionne toute personne qui détruit ou fait le commerce direct ou indirect sans droit d’espèces animales ou végétales à une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinq millions de francs CFA sans préjudice de toute autre disposition au code. Pourtant, le trafic de pangolin et de ses écailles ou encore de celui des ailerons de requins s’effectue part le port autonome de Lomé, une plaque tournante de trafic des espèces protégées.
L’Afrique occidentale et centrale sont également apparues comme des points chauds de cet obscur commerce. Près de 90 % des écailles de pangolins saisies depuis 2015, sont originaires ou ont transité par la région. En outre, la taille des expéditions de contrebande en provenance de la région semble également augmenter, le poids moyen de chaque cargaison ayant presque décuplé pour atteindre environ 3 tonnes.
Cela suggère l’implication d’organisations criminelles disposant de ressources suffisantes, indique le rapport : « Le paiement, la collecte et le transport de grandes quantités de produits à base de pangolins impliquent un investissement initial et une coordination considérables. » Cela signifie également probablement que les trafiquants ne sont pas préoccupés par des potentielles interceptions par les forces de l’ordre, et ce même s’ils acheminent plusieurs tonnes valant des dizaines de millions de dollars.
Francis Tarla, coordinateur du programme pangolin de la Zoological Society of London au Cameroun, avait indiqué que le prix des écailles de pangolin sur le marché noir en Afrique a grimpé en flèche et que des trafiquants plus talentueux et mieux organisés sont entrés en jeu et sont prêts à prendre des risques plus élevés.
Les facteurs combinés d’une gouvernance faible, d’une application de la loi par des forces de l’ordre sous-équipées, de niveaux élevés de corruption et d’une diminution des investissements des ONG, ont permis à l’Afrique de l’Ouest et centrale d’émerger comme des carrefours du trafic d’espèces sauvages.
Pour lutter contre l’extinction des requins en Afrique, des textes et des plans d’action existent au niveau international et national, tels que le Plan d’action international pour la conservation et la gestion des requins (PAI-REQUINS) de la FAO et le Plan d’action sous-régionale pour la conservation et la gestion des requins en Afrique de l’Ouest.
Ces initiatives visent à réguler la pêche, protéger les habitats, interdire des pratiques comme le « finning », améliorer le suivi des populations et renforcer la coopération régionale. La CITES joue aussi un rôle clé en réglementant le commerce international des espèces menacées. Mais il faut aussi la répression des trafiquants afin de les dissuader et mettre fin au crime faunique.
Tout comme les requins, les pangolins jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes. En effet, le pangolin joue le rôle essentiel d’antiparasite naturel. En consommant 70 millions d’insectes chaque année, le pangolin contribue également à un écosystème plus sain en aérant le sol et en dispersant les nutriments d’un endroit à l’autre lorsqu’ils utilisent leurs longues griffes pour creuser à la recherche d’insectes.
De même les requins agissent comme des indicateurs de la santé des écosystèmes en maintenant l’équilibre des chaînes alimentaires, en contrôlant les populations de proies et en éliminant les individus faibles et malades. Les requins contribuent aussi à la fertilité des océans en transportant des nutriments entre les eaux profondes et peu profondes grâce à leurs excréments.
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