Du village à l’amphi : le parcours de combattant des étudiants de la région des savanes

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Du village à l’amphi : le parcours du combattant des étudiants de la région des savanes
Du village à l’amphi : le parcours du combattant des étudiants de la région des savanes

Chaque année, à l’occasion de la rentrée universitaire, plusieurs centaines de nouveaux étudiants originaires de la région des Savanes, située à l’extrême nord du Togo, rejoignent les universités publiques du pays. Animés par l’ambition de poursuivre des études supérieures, ils s’engagent dans un parcours exigeant, entre sacrifices personnels, défis financiers et chocs d’adaptation.

De l’Université de Kara à celle de Lomé, distante de plus de 600 kilomètres de Dapaong, ces étudiants sont formés dans divers domaines, du Licence au Doctorat, toutes filières confondues. Pourtant, derrière les réussites académiques se cachent des réalités peu visibles : précarité, manque d’orientation, etc.

« Après ma réussite au Bac dans la région des Savanes, c’était une immense fierté. Mais au-delà de l’euphorie, il a fallu faire face à de nombreux défis : trouver les moyens pour le transport, payer les frais de scolarité, se loger, se nourrir… J’ai dû faire des travaux physiques pour compléter l’aide financière de mes parents afin de rejoindre l’université », raconte Tarpoungue Damparou, aujourd’hui étudiant en Master 1 à l’Université de Kara.

Un environnement nouveau, des repères flous pour les Etudiants

Une fois sur les campus, les jeunes venus du Nord doivent s’adapter à un nouveau mode de vie, souvent marqué par le stress, l’isolement et l’incertitude.

« Nous connaissions mal les filières et leurs débouchés. Beaucoup d’étudiants choisissent des départements sans réellement savoir ce qui les attend. L’orientation reste un problème majeur », confie Damparou.

Ce constat relance le débat sur l’accompagnement à l’orientation scolaire et post-Bac dans la région des Savanes, malgré les efforts engagés par les autorités éducatives.

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Entre bourses insuffisantes et solitude assumée

Barry Pamane, ancien étudiant de l’Université de Lomé, pointe quant à lui les retards de versement des allocations et bourses d’études, un obstacle majeur pour de nombreux étudiants issus de milieux modestes. Ces aides constituaient pour lui un soutien non négligeable.

« Grâce à mes résultats académiques, j’ai pu bénéficier d’une bourse durant mes deux dernières années universitaires. Cela a significativement amélioré ma situation. Je pouvais couvrir les frais de documentation, le loyer, l’électricité, l’eau et mes besoins quotidiens », témoigne Tewan Yedou Arzouma, ancien étudiant de l’Université de Kara.

Mais au-delà des contraintes financières, les difficultés sociales et psychologiques ont aussi pesé. Pour limiter ses dépenses, Tewan a parfois choisi l’isolement volontaire, se tenant à l’écart des activités sociales du campus.

« Ce n’était pas facile, mais parfois, s’éloigner permettait d’éviter certaines tentations coûteuses », confie-t-il.

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Détermination sans faille, malgré l’adversité

Malgré les difficultés, la détermination, la soif de réussite et le rêve de sortir de la précarité restent les moteurs des étudiants originaires de la région des Savanes. Beaucoup refusent d’abandonner. Pour financer leurs études, certains combinent les cours avec des activités génératrices de revenus.

« Le week-end, je vends du savon. Je n’attends rien de personne. Mon avenir, c’est entre mes mains », confie de nouveau Tarpoungue Damparou, déterminé.

Le soutien familial, bien que parfois limité sur le plan financier, reste un pilier indispensable. Les parents jouent un rôle clé, notamment par l’encouragement et la transmission de valeurs liées à l’effort et à la résilience.

« Je ne cesse d’encourager ma fille. Je lui dis toujours que rien ne s’obtient facilement. Elle m’écoute et elle avance… », témoigne Lamboni Yogbé, père d’étudiante à Dapaong.

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Au-delà des efforts individuels, les réformes engagées dans les universités publiques ont commencé à porter leurs fruits. Des projets d’accompagnement et de renforcement ont vu le jour, contribuant à améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des étudiants.

Aujourd’hui, nombre d’anciens étudiants issus de la région des Savanes occupent des postes de responsabilité, aussi bien au niveau national qu’international. Une preuve que, malgré un départ difficile, l’excellence est possible.

DOUMONE Kasan

 

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