Les membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) rendent hommage à Monseigneur Nicodème Yves Anani Barrigah-Bénissan décédé le 4 août dernier. Une délégation de cette commission a rencontré la Conférence des Evêques (CET) ce lundi 12 août 2024 pour témoigner leur compassion et présenter leur condoléance à l’Eglise Catholique.
L’occasion a été pour la délégation de clamer l’immensité et les qualités de Monseigneur Nicodème Yves Anani Barrigah-Bénissan. Surtout, ils ont révélé l’aventure qui les avait liée notamment le travail à la CVJR.
Ils ont d’ailleurs publié un document relatant le travail abattu avec l’aide du président de la CVJR, feu Monseigneur Nicodème Yves Anani Barrigah-Bénissan.
Monseigneur Nicodème Yves Anani Barrigah-Bénissan et la CVJR
Le Togo, pays riche en histoire et en traditions, a traversé en effet des périodes difficiles marquées par des tensions politiques et des violences qui ont profondément divisé la nation. Face à ces défis, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a vu le jour en 2009, avec pour mission de panser les blessures du passé et de restaurer l’unité nationale. Au cœur de cette entreprise complexe, un homme s’est distingué par son engagement inébranlable : Monseigneur Nicodème Yves Anani Barrigah-Bénissan.
De 2009 à 2012, Monseigneur Barrigah-Bénissan a présidé la CVJR avec une dignité et une détermination exemplaires. Son rôle au sein de la commission a été crucial, non seulement pour la qualité de son travail, mais aussi pour les valeurs qu’il a incarnées. « Soyez vous-même le changement que vous voudriez voir dans le monde », cette citation de Gandhi pourrait bien résumer l’essence de l’action de Monseigneur Barrigah-Bénissan. Par sa simplicité, son accessibilité et son impartialité, il a su gagner la confiance de tous les acteurs impliqués dans le processus de réconciliation.
La mission de la CVJR était loin d’être aisée. Il s’agissait de sonder les profondeurs d’une histoire marquée par des violences politiques, depuis 1958 jusqu’en 2005, de rechercher les causes de ces conflits récurrents, et de proposer des solutions pour réconcilier une société fragmentée. Ce travail exigeait des qualités exceptionnelles, et Monseigneur Barrigah-Bénissan en était pourvu. Sa rigueur, son sens de l’excellence, et sa capacité à organiser et à diriger ont permis à la commission de mener à bien ses missions avec efficacité.
À chaque étape du processus – de la préparation des travaux aux audiences publiques, en passant par la rédaction et la remise des rapports – Monseigneur Barrigah-Bénissan a su imprimer sa marque. Grâce à son leadership, la commission a réussi à obtenir un large consensus autour de ses travaux, réunissant les acteurs politiques et la population togolaise dans un effort commun pour tourner la page d’un passé douloureux.
L’une des plus grandes réussites de Monseigneur Barrigah-Bénissan selon les membres, a été de permettre aux Togolais de regarder leur histoire en face, de lire ensemble la page sombre du passé et d’en tirer des leçons pour l’avenir. Il a su faire « sa part », selon l’expression consacrée, en ouvrant des chemins vers une réconciliation véritable et durable.
Mais l’action de Monseigneur Barrigah-Bénissan ne s’est pas arrêtée là. Après la fin des travaux de la CVJR, il a poursuivi son engagement en faveur de la paix et de la justice, rappelant sans cesse l’importance de ne pas oublier les leçons de l’histoire. Cet homme de foi et de conviction n’a jamais cessé de croire en un Togo réconcilié et uni.
Aujourd’hui, alors que le Togo pleure la disparition de ce grand artisan de la réconciliation, son héritage continue de vivre à travers ceux qui ont eu l’honneur de travailler à ses côtés. Sa famille, l’Église catholique, et tout le peuple togolais se souviennent de lui non seulement comme d’un patriote, mais aussi comme d’un homme de paix, inspiré par les valeurs de vérité et de justice.
La mission de Monseigneur Barrigah-Bénissan n’est pas terminée. Le combat pour la réconciliation et l’unité nationale doit se poursuivre, porté par ceux qui, à son image, croient en un avenir meilleur pour le Togo. Les fruits de son engagement sont déjà visibles, et ils continueront de croître, guidant les générations futures sur le chemin de la paix.
Rappelons que le document hommage a été par Pr Kisseem TCHANGAI-WALLA, Pr Koffi AHADZI-NONOU, Pr Badjow TCHAM, TOGBUI Agboli AGOKOLI IV, M. Ogamo BAGNAH, Mme Pépevi KKAPKO et Mme Sirina KOURA-BODJI.
