Jean-Lucien Savi de Tové : Parcours d’un vétéran de l’opposition togolaise, entre radicalisme, dialogue et réconciliation (Biographie)

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Jean-Lucien Savi de Tové : Parcours d’un vétéran de l’opposition togolaise, entre radicalisme, dialogue et réconciliation

Figure majeure de l’histoire politique du Togo, Jean-Lucien Kwassi Lanyo Savi de Tové reste l’un des derniers visages marquants de l’opposition togolaise de l’après-indépendance. Né le 7 mai 1939 à Lomé, ce juriste formé à l’université de Bordeaux incarne plusieurs décennies d’engagement politique, de résistance et de tentatives de refondation démocratique dans son pays.

Des débuts dans la haute administration sous Eyadema

À la suite du coup d’État militaire de janvier 1967, le jeune Savi de Tové est propulsé au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, une fonction stratégique qu’il occupera jusqu’en novembre 1974. Il y développe un solide réseau diplomatique et administratif, avant de rompre avec le régime.

1979 : Le virage radical et la tentative de putsch

En 1979, son nom refait surface dans les milieux politiques pour des raisons bien différentes. Il est accusé de participation à une tentative de coup d’État contre le président Gnassingbé Eyadema, aux côtés de figures comme Gilchrist Olympio. Cette opération échoue. Savi de Tové est arrêté, jugé, puis condamné à dix ans de prison. Cet épisode marque le début d’une trajectoire d’opposant politique déterminé et d’activiste du pluralisme politique.

Le retour sur la scène politique et la fondation du PDU

Libéré, Savi de Tové revient sur le devant de la scène avec la création du Parti des Démocrates pour l’Unité (PDU), à la faveur de l’ouverture politique au début des années 1990. En mars 1993, depuis Cotonou, le Collectif de l’Opposition Démocratique le désigne comme Premier ministre alternatif, en réponse à l’attitude jugée trop conciliante de Me Koffigoh envers Eyadema. Cette nomination sera politiquement symbolique mais juridiquement rejetée par Lomé.

De la contestation au dialogue politique structuré

En 1999, son parti fusionne avec d’autres mouvements pour créer la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP), dont Edem Kodjo prend la présidence, avec Savi de Tové comme vice-président. Si son engagement reste ancré dans la critique du régime, il amorce un virage plus constructif, en prônant un dialogue inter-togolais inclusif.

Ministre de l’Industrie et artisan du compromis (2005–2007)

En 2005, il entre au gouvernement de Faure Gnassingbé comme ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat. Il joue un rôle de premier plan dans les négociations de l’Accord politique global issu du Dialogue inter-togolais de 2006. Il y représente le CPP et s’emploie à faire avancer les réformes économiques et commerciales.

2009 : Président du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation

Le 27 mai 2009, Jean-Lucien Savi de Tové est nommé président du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC). Cet organe stratégique, composé de représentants du pouvoir et de l’opposition, vise à institutionnaliser le dialogue national. À ce poste, Savi de Tové met son expérience de négociateur et sa connaissance des tensions politiques togolaises au service d’une gouvernance plus consensuelle.

Jean-Lucien Savi de Tové : un nom qui résonne dans l’histoire politique du Togo

Aujourd’hui encore, le nom de Jean-Lucien Savi de Tové demeure associé aux luttes pour le pluralisme, aux valeurs républicaines et à l’engagement politique sans compromis. Il symbolise une époque où l’opposition était à la fois idéologique, courageuse, et ouverte au dialogue, et où la démocratie togolaise cherchait à se réinventer dans l’adversité.

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