Au Togo, pour un « Changement paisible réussi, peut-il exister une voie ? » La réponse est affirmative pour le parti « Santé du Peuple » qui était à son 3e congrès samedi 20 mai 2023. Sans surprise, Dr Georges William Kuessan est réélu pour un mandat de 5 ans à la tête du parti. Ce denier met désormais son parti dans la dynamique du partage du pourvoir avec Unir.
C’est en effet la grande décision prise par les congressistes. Pendant, longtemps végété dans l’opposition, le parti Santé du peuple ne veut plus laisser Unir (parti au pouvoir) gouvernement seul. Gérer le pays de concert, c’est désormais le mot d’ordre du parti de Gr Georges Kuessan qui veut toucher du doigt la gouvernance et aussi apporter des changements à partir du fond de l’appareil gouvernemental pour le bien du peuple.
Pourquoi le partage du pouvoir ?
« Après toutes les réflexions que nous avons faites, nous sommes arrivés à cette conclusion, qu’il faut désormais partager le pouvoir avec la majorité. Nous avons décidé de ce partage du pouvoir parce que ça fait pratiquement 60 ans qu’il y a un seul régime au pouvoir et les richesses de notre pays sont contrôlées par les mêmes personnes qui vont et reviennent ; soit c’est eux, soit leurs enfants, soit leurs petits-enfants. Mais le Togo nous appartient tous. Étant donné que nous avons un seul régime au pouvoir depuis des années et qui ne veut pas céder pour qu’il y ait l’alternance, nous avons pris sur nous de dire qu’à partir d’aujourd’hui, il faut que nous partagions le pouvoir », a déclaré l’opposant.
Et d’ajouter « Quand, nous allons entrer au gouvernement, nous allons nous frotter aux exigences du pouvoir. Et enfin, cela va permettre de juguler un tant soit peu la crise de confiance qui a toujours existé entre l’opposition et le parti au pouvoir. Cela va permettre à ce que l’opposition entre dans la gestion de l’Etat. Cela fera naître un début d’espoir entre pouvoir et opposition et aussi ça va changer les conditions de vie des populations ».
Santé du peuple rattrapé par les vieilles conceptions de l’opposition ?
Pour Dr Kuessan, le partage du pouvoir demandé peut être une cohabitation concertée puisque pour le moment, l’opposition n’a pas de véritable poids à l’assemblée pour la cohabitation réelle. Il ne s’agira pas de sortir du régime radical, dit-il. « Il faut que le partage soit à tous les niveaux, pas seulement au niveau du gouvernement », a indiqué le N°1 de Santé du peuple qui entend par là, voir des membres de l’opposition être non seulement dans le gouvernement central, mais aussi à la tête des préfectures, des ambassades, etc…
Ainsi, cet appel de Santé du peuple est diversement interprété au sein de l’opinion. Pour certains, le parti vert de Dr Kuessan, n’ayant pas véritablement d’arguments pour avoir l’alternance tant promise aux populations, veut partager le pourvoir pour avoir une « part du gâteau ». Certains analystes de la vie politique du Togo trouvent pertinente la proposition de Santé du peuple, mais mettent un doute sur le sort qui sera réservé à cet appel au sein de l’opposition.
« C’est une proposition pertinente qui normalement devrait être adoptée par l’opposition togolaise, mais au Togo, on sait un peu comment ceux qui sont adeptes de cette idéologie finissent. Le CAR de feu Yawovi Agboyibo l’avait proposé, il a été traité de tous les noms d’oiseaux dans ce pays. L’UFC en est l’exemple le plus récent. Voyez ce que le parti de Gilchrist est devenu parce qu’il a décidé à un moment donné d’entrer au gouvernement. Ce n’est pas exclu que cela arrive à Santé du peuple, ils doivent s’attendre à tout » a laissé entendre un analyste politique.
Si au sein de l’opposition, l’on est dubitatif sur le sort qui sera réservé à cet appel, on se demande également ce que fera le parti au pouvoir de cette main tendue de santé du Peuple.
Stan AZIATO
