NALI/Embrouille entre prêtres coutumiers : la population dénonce la main noire des étrangers

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NALI/Embrouille entre prêtres coutumiers : la population dénonce la main noire des étrangers
NALI/Embrouille entre prêtres coutumiers : la population dénonce la main noire des étrangers

Ouf, l’inauguration du nouveau marché de Nali a eu enfin lieu ! C’était le lundi 22 mai 2023, en présence du Secrétaire Général de l’Oti-sud, du Maire de la commune de l’Oti-sud 2, des chefs cantons des villages voisins, des marchands et de la population de Nali. La première rencontre a été avortée à cause d’un malentendu entre deux prêtres. À celui désigné par le chef canton, s’est opposé un autre prêtre de la communauté.

Le canton de NALI se trouve dans la préfecture de l’OTI-SUD 2, au sud-ouest, à environ 35 Km de la ville de Mango. Le chef canton de NALI s’appelle DJABADJO, soldat admis à la retraite.

Le lundi 8 mai 2023, dans la matinée, autorités politiques, administratives, traditionnelles, religieuses et les cadres se sont retrouvées au nouveau marché de Nali pour procéder à son inauguration.

Face à face, deux prêtres traditionnels à NALI

Au moment de la libation, les autorités se retrouvent face à deux prêtres traditionnels. Chaque prêtre tient dans sa main les objets prévus pour la cérémonie de libation. Il y a donc face à face le prêtre traditionnel choisi par le chef canton de Nali, Monsieur DJABADJO, et le prêtre traditionnel choisi par les « gardiens des terres ».

De véritables palabres appuyés de menaces et injures, de part et d’autre, s’engagent devant les autorités. Ces dernières décident de se retirer pour reporter l’inauguration à un jour plus favorable. Les Forces de défense et de sécurité se sont chargées de disperser les belligérants.

Un retour sur les lieux par notre la rédaction de Togopost le lendemain 9 Mais 2023 a permis de comprendre mieux ce énième conflit qui envenime  la cohésion sociale dans le Grand-Oti.

En effet, nous avons rencontré les principaux acteurs de chaque camp pour les écouter. Dans le camp des contestataires, Monsieur GUEREKE Akoh. Selon lui, le Chef DJABADJO n’a pas fait les choses dans la règle de l’art.

« Le vénéré chef DJABADJO n’a pas observé les règles coutumières qui régissent notre communauté dans ce cas précis de la libation pour implorer la bénédiction du nouveau marché par les ancêtres. Le chef se charge des tâches administratives, des jugements et des relations avec l’administration centrale. Le chef ne se charge pas de la gestion des terres. C’est notre clan qui est chargé de la distribution, don et autres cérémonies liées à la terre, bien sûr en étroite collaboration et avec la bénédiction du chef. Nous sommes surpris que notre chef choisisse un autre prêtre que le nôtre pour diriger les cérémonies ».

NALI/Embrouille entre prêtres coutumiers : la population dénonce la main noire des étrangers
Chef des contestataires, GUEREKE Akoh, à droite

Les gens visent tout simplement mon trône

Rencontré pour lui rendre compte de notre investigation au niveau des contestataires, le vénéré chef rétorque en ces termes : « je crois qu’il y a une volonté manifeste de mauvaise foi. Je suis le chef traditionnel de cette communauté. Je suis le garant des us et coutumes. Je suis censé incarner la tradition dans ce canton. Je suis plutôt surpris qu’un clan s’oppose à ma décision d’autoriser un prêtre du canton à diriger une cérémonie. Je suis entièrement dans mes prérogatives ! Je crois qu’il faut voir le problème ailleurs. Les gens visent tout simplement mon trône. Depuis un certain temps, nous assistons à des complots parfaitement planifiés par des soi-disant révolutionnaires pour déstabiliser l’ordre coutumier dans notre région. Ceux dont les parents n’ont jamais appartenu à la lignée des nobles, veulent aujourd’hui goûter à la chefferie traditionnelle. Où va ce monde ? ».

Selon certains jeunes abordés après notre partage avec le chef, ceux qui contestent l’autorité du chef ces temps-ci sont des « étrangers ».  « Le chef les a autorisés à exploiter nos terres et aujourd’hui ils s’insurgent contre les véritables propriétaires terriens. C’est très ingrat ! », nous disent-ils en courroux.

Le mal est plus profond

Il est clair que le soulèvement de NALI n’est pas seulement lié à la cérémonie de libation, mais il existe beaucoup de malaises plus profonds.

Au lendemain de cette crise qui a secoué le canton de NALI, les deux protagonistes ont été reçus par le préfet de l’OTI-SUD. Il ressort de cette assise que les deux camps devaient s’entendre pour gérer la prochaine cérémonie de libation pour l’ouverture officielle du nouveau marché de NALI.

Mais du retour de GANDO (siège de la préfecture de l’OTI-SUD), le vénéré chef canton de NALI, Monsieur DJABADJO, nous laisse entendre que le camp adverse a décidé finalement d’abandonner de prendre part à la prochaine cérémonie. En d’autres termes, le camp opposé laisse le soin au chef de se charger totalement de la cérémonie de la prochaine cérémonie de libation pour l’inauguration du nouveau marché du canton de NALI.

En respect à leur décision, la partie adverse était donc absente le lundi, 22 mai 2023. La cérémonie de libation s’est donc déroulée sans aucun incident. La plupart des messages passés lors de la cérémonie ont mis l’accent sur la nécessité de sauvegarder la paix, sans laquelle aucune activité socioéconomique ne peut être possible.

La population de Nali, par la voix de son chef canton, Monsieur DJABADJO, a remercié le chef de l’Etat et son gouvernement pour ce joyau. Aussi, promet-il de mettre tout en œuvre pour que le nouveau marché serve effectivement aux intérêts supérieurs des populations.

N’DJAMBARA Nassoma

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