[REPORTAGE]Lavage de motos dans les eaux usées : Le danger d’une pratique érigée en mode

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[REPORTAGE]Lavage de motos dans les eaux usées : Le danger d’une pratique érigée en mode
[REPORTAGE]Lavage de motos dans les eaux usées : Le danger d’une pratique érigée en mode

Laver son engin, (voiture ou moto) dans les eaux de ruissellement devient une mode chez certains au Togo. La pratique est beaucoup plus observée chez les conducteurs de taxi moto communément appelés Zed man. On les voit tout de suite à l’œuvre après une pluie laissant des points d’eaux stagnantes sur les voies et dans les quartiers. Pieds et mains nus, ils lavent leurs engins dans ces eaux sans se soucier vraiment du danger qui les guette.

À Lomé, la capitale et dans d’autres localités du pays, la plupart des ruelles à l’intérieur des quartiers ne sont pas bitumées. Elles regorgent des trous où stagnent l’eau une fois qu’il pleut. Dans cette situation, les engins prennent très vite la boue et deviennent donc très sales.

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C’est justement en ce moment que les conducteurs surtout des motos, trouvent le raccourci de mettre leurs engins-là au propre dans les eaux qui stagnent ici et là. Il suffit d’une pluie pour constater la pratique bien adoptée par les Zed men, le lavage auto dans l’eau de ruissellement. Pantalons et manches retroussés, c’est un service libre. Chacun vient faire le clean de sa moto à Zero francs.

Le lavage de moto à ciel ouvert

La principale raison qui pousse ceux qui s’adonnent à cette pratique est, selon nos recoupements, le temps et surtout la minimisation des dépenses.

Laver un engin dans ces eaux de ruissellement, permet de gagner du temps, et surtout de l’argent. C’est en tout cas ce qu’a tenté d’expliquer Monsieur Bienvenu, un conducteur de taxi moto, surpris en train de laver sa moto dans la lagune au carrefour 3K (Campus sud) à Lomé.

« C’est simple. Moi, je lave ma moto souvent ici, parce que ça me permet de ne pas perdre du temps dans ma journée de travail. C’est-à-dire que quand ma moto est sale, au lieu d’aller faire la queue dans un lavage auto, je viens ici le faire moi-même vite fait et puis je rentre en circulation avec ma moto bien propre. Aussi, ça me fait économiser de l’argent. Au lieu de dépenser 500 francs CFA chaque 3 ou 4 jours au lavage, je le fais ici et je garde mon argent en poche. Les 500 francs CFA, pour les trouver, ce n’est pas facile et donc je ne peux pas les gaspiller comme ça », a confié Monsieur Bienvenu à Togopost.

[REPORTAGE]Lavage de motos dans les eaux usées : Le danger d’une pratique érigée en mode
Lavage de motos dans les eaux usées à Lomé

Mêmes raisons évoquées par le sieur Tchaa, également Zed man croisé au carrefour 2 Lions à Agoè. Ce dernier mettait au propre son engin dans l’eau (le trop-plein des retenues d’eau) occupant la route. « C’est simple, on dit souvent chez nous que même l’eau sale rend propre. C’est un peu ça. On est conscient que l’eau-là est sale, mais vous-même regardez comment avec ça, ma moto est propre ».

Le jeune Komlan, un conducteur de taxi moto résidant à Vogan passe habituellement la semaine à Lomé et rentre chez lui que les week-ends. Pour lui, abandonner sa famille pour passer toute la semaine de travail à Lomé sans abri, c’est dans le seul but de faire d’économie et donc tous les moyens sont bons pour le faire.

« Pourquoi aller dépenser 500 francs au lavage quand j’ai l’eau et la force pour laver mon engin moi-même ? En plus en temps de pluie, à peine l’engin lavé, il va se salir une fois que vous rentrez de nouveau en circulation. Dans ce cas, allez-vous revenir donner encore les 500 pour le laver ? Non, ceci est une solution. Je le fait moi-même et j’ai mon argent en poche », a confié le jeune Komlan.

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Economiser, OUI, mais savent-ils le danger encouru ?

À cette question, Monsieur Tchaa répond sans détour : « Oui bien sûr. Nous savons que c’est une eau qui contient des microbes, mais nous le faisons quand même ».

En vérité, au-delà de l’aspect économique de la pratique, les intéressés s’exposent à toutes sortes d’infections. Ce qui peut leur coûter une bonne partie de leur économie à en croire M. Désiré, Médecin dans une clinique à Lomé.

« Ça ne sert à rien de dépenser des milliers de francs CFA pour guérir une infection chopée en voulant économiser 500 francs ou 5 000 francs CFA. C’est vraiment un danger cette pratique. Ceux qui le font doivent aussi se soucier de leur santé », a affirmé Dr Désiré.

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Et d’ajouter qu’ « Il suffit d’avoir une plaie sur la peau pour choper l’infection. Par la main sale, ils peuvent se contaminer en mangeant. Ils peuvent avoir des infections bactérienne, parasitaire, mycosique, etc. Et pour guérir ça, ce n’est pas une affaire de 500 Francs ou 5 000 Francs CFA, et donc nos frères zed men doivent arrêter ça pour leur santé ».

Sauf une prise de conscience individuelle ou une méthode forte des autorités, la pratique est loin de s’arrêter puisque des gens prennent du plaisir à le faire. Inquiétant !!!

Stan AZIATO

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