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Mendicité dans les rues : un système d’exploitation des enfants se développe à Lomé

Au Togo, les villes sont de plus en plus inondées de mendiants. Des individus de tout genre, femmes, hommes, vieillards, handicapés prennent d’assaut les grandes routes à la recherche de quoi subvenir à leurs petits besoins. Ce sont des personnes visiblement en situation financière difficile. Ils se pointent le plus souvent aux feux tricolores et tendent la main aux usagers stoppés par le feu rouge. Le phénomène se remarque de manière plus accrue à Lomé, la capitale. Pire, ces derniers mettent à contribution des enfants qui sont censés être dans les salles de classes. Un véritable danger pour ces mineurs mais aussi pour les usagers de la route.

C’est une réalité flagrante qui peut être constatée par tout le monde. Il suffit de circuler sur les grandes voies de Lomé pour la vivre. Ce n’est pas un fait nouveau, mais il devient extraordinaire depuis un bon moment. Des handicapés visuels, handicapé des membres inférieurs ou supérieurs se pointent sur les voies publiques pour mendier. Le phénomène devient particulier à cause du nombre important de ces mendiants qu’on constate au quotidien sur nos routes.

La vie des « mendiants »

Mendicité dans les rues : un système d'exploitation des enfants se développent à LoméHamidou (Nom prêté), un homme d’une cinquantaine, avec un petit récipient en main, se pointe habituellement aux différents feux tricolores de la capitale pour collecter quelques billets et pièces d’argent. Croisé aux feux tricolores de la station Agbalepedo sous le chaud soleil, il parle de sa vie.  « Je suis un étranger au Togo. Je suis un père de famille et j’ai deux enfants, mais je n’ai aucun travail.  Tous les jours je me présente aux feux tricolores pour demander. Parfois, il y a de bonnes volontés qui m’aident. Parfois à la fin de la journée, je collette en tout 5 000 à 10 000 F CFA. Alors que parfois, même 1 000 F cfa, je ne trouve pas. Ma petite famille vit de ce que je ramène à la maison », a confié à Togopost, le sieur Hamidou.

A côté de lui, se trouvait Rachid, jeune de 16 ans qui traine également aux feux tricolores avec son père non-voyant. Rachid devant avec une cuvette en main, son Papa derrière le bras posé sur lui, les deux vont de quartier en quartier pour quémander. Voilà le quotidien du jeune Rachid et de son père. La situation est presque la même pour tous ces individus. Le cas notamment du sieur Aziz aussi dans la cinquantaine, handicapés des membres inférieurs, assis au bord de la route campus plage.

Togo : des permis de conduire exigés de la part des conducteurs de rickshaws

« Je suis togolais, mais je n’ai personne, je n’ai pas de travail non plus compte tenu de ma situation de handicapé. Je vis des petites aides que les usagers de la route m’apportent ».

Des enfants initiés à la mendicité

Si entre temps les mendiants sont des gens plus ou moins âgés, de nos jours, on compte dans leur rang des jeunes et même de petits enfants. C’est le cas de deux veuves nigériennes croisées aux feux tricolores 3K. Les deux assises côte à côte et sous un arbre pas loin de la route, l’une sans enfant et l’autre avec deux enfants dont le plus âgé a 6 ans.  Eux tous se retrouvent à cet endroit pour avoir de quoi subvenir aux besoins, mais ce sont les enfants qui font le boulot.

Mendicité dans les rues : un système d'exploitation des enfants se développent à LoméAvec un petit chiffon à la main, le gamin de 6 ans et son jeune frère de 3 ans se mettent sous le chaud soleil et attendent que le feu passe au rouge pour se mettre en action.  Leur tâche, c’est d’essuyer rapidement les véhicules stoppés, puis demander aux conducteurs une aide financière. Et ceci, pendant que leur maman veuve se trouve sous l’ombre attendant qu’ils (les deux gamins) amènent ce qu’ils récoltent comme moisson à chaque arrêt de véhicules.

Plus loin, au carrefour de la colombe de la paix (à Lomé), nous constatons le même fait. Des adolescents tenant en main de quoi essuyer les véhicules se pointent au feu de signalisation et n’attendent que le rouge. Narcisse (nom prêté), un de ses ados, évoque la cause de sa présence là.

« Nous sommes des pauvres, mon papa n’a pas d’argent.  Comme pour manger à la maison c’est difficile pour nous, mon papa m’envoie travailler aux feux tricolores pour gagner un peu d’argent à la maison. C’est un peu difficile, souvent j’essuie les véhicules et dès que le vert s’allume, ils partent sans rien me donner. Certains conducteurs me glissent des pièces avant de quitter. Parfois je gagne à la fin de la journée plus de trois mille. Parfois, c’est moins », a-t-il laissé entendre.

Des usagers frustrés par les jeunes mendiants sur les routes

Au sein de la population, ces « mendiants » sont mal vus par certains. Ces derniers expliquent la mendicité par une paresse que développent la plus part des enfants. Pour Monsieur Ghislain, (fonctionnaire, chargé d’études à la division de la Préservation des milieux et cadre de vie, Chef du personnel à la direction de l’environnement), certains des mendiants sont en situation de travailler mais ne le font pas.

« Vous avez tout-à-fait raison, plus loin, à l’intérieur du pays aussi c’est le même constat. A mon avis, nous devons nous poser des questions. Au prime abord, qu’est-ce qui pousse cette catégorie de personnes à la mendicité ? Je dirai, tout simplement que, pour la plupart, c’est un choix parce que les gens ne veulent pas bosser, entreprendre et oser. Pour d’autres, c’est l’incapacité physique de leur état qui les force à cette mendicité, peut-être pour mieux subvenir à leur besoin », a-t-il souligné.

De son côté, Monsieur Jules, un fonctionnaire au Togo, fustige le fait que les autorités permettent à ce que ces mendiants envahissent de plus en plus la capitale Lomé. Il voit d’ailleurs en ces mendiants, des gens en proie au terrorisme.

« Ces mendiants malheureusement ne sont pas des togolais, mais viennent des pays sahéliens surtout du Niger. Ce sont eux qui alimentent le terrorisme. Ils ne sont pas à la recherche de leurs pains quotidiens. C’est un véritable réseau de terroristes que les gouvernants ignorent peut-être. Pourquoi laisser tous ces mendiants venir au Togo comme ça. Il n’y a pas de contrôle à la frontière ? Il faut qu’on arrête ce flot de mendiants qui se déverse sur la capitale. Soit on chasse ceux qui sont déjà arrivés et qu’on ferme la frontière aux autres. Soit, on commence par exiger les cartes de séjour à tous les étrangers. Si on les laisse, qu’on ne se plaigne pas de l’avancement du terrorisme au pays. Aucun Etat ne laisse ses frontières ouvertes comme le Togo », a-t-il précisé.

Un projet social pour éradiquer le phénomène et sauver les enfants

Le phénomène devient accru à Lomé et ne favorise pas une belle image de la capitale. Au niveau des acteurs de la Société civile, l’on recommande un projet social des autorités pour prendre en charge les individus concernés et les sortir de la rue. « Je vais interpeller le gouvernement à élaborer un projet social en ce sens avec la collaboration des OSC et ONGs pour rapidement freiner ce type d’exercices auquel se prêtent les gens qui se retrouvent dans ce cas », a confié Monsieur Guy, un acteur de la Société civile.

Mendicité dans les rues : un système d'exploitation des enfants se développent à LoméLe phénomène est en train de prendre de l’ampleur dans le pays, et le Mouvement Martin Luther King (MMLK) s’inquiète pour les enfants que certains parents et adultes impliquent à la pratique. « Quel lendemain on garantit à ces enfants qui sont la relève de demains ? », se demande le MMLK.

Pour Pasteur Edoh Komi, Président du mouvement Martin Luther King (MMLK) et Adjoint au Maire de la commune Golfe 2, il faut qu’au plan national, continental et au niveau des Nations Unies, on trouve le mécanisme spécifiquement pour sauver les enfants de cette pratique.

« Le MMLK s’inquiète du phénomène des enfants mendiants dans les rues en Afrique, car c’est une atteinte à leur dignité. Ils ne doivent pas être dans les rues à moins de 18 ans, mais à l’école. Il faut y mettre fin et punir ceux qui envoient les enfants dans les rues pour en tirer profit. La Commission Africaine des Droits de l’homme et des Peuples doit être mise à contribution. Le phénomène tend à se légaliser dans certains pays et le danger sera difficile à maîtriser pour nos sociétés. Tous les États qui ont ratifié les textes relatifs aux droits des enfants doivent être obligés dans leur mission régalienne à abolir la mendicité des enfants dans les rues. Cette pratique avilit et déshumanise les enfants.  Le MMLK propose un quinquennat (2023-2028) pour la lutte contre ce phénomène qui est assimilable au travail des enfants prohibé par l’organisation international du Travail. Ce quinquennat est dénommé Campagne zéro enfant mendiant dans les rues ».

La mendicité, qu’on le veuille ou non, existera, puis que tout le monde n’aura pas la chance de manger avec la cuillère dorée. Mais quand la situation tend à devenir un fléau ou une exploitation des enfants par des individus, il y a de quoi s’inquiéter et trouver des solutions. De la nécessité donc, pour les autorités, de se plancher sur le sujet afin de préserver les populations surtout qu’à l’heure du terrorisme, le mal peut venir de n’importe qui et de partout.

Stan A.

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