Il est 17 h 30 à Lomé. Pour Madame Olivia, Directrice commerciale dans une agence de voyage de la capitale togolaise, c’est la fin d’une longue journée. Elle rassemble ses clics et ses clacs et file, comme chaque jeudi depuis plus d’un an, à son rendez-vous hebdomadaire avec son coach sportif en salle de sport. Ce rituel, elle y tient. Et elle n’est pas la seule. Dans son groupe, chaque femme a un objectif bien précis. Si Olivia est motivée par le désir de rester en bonne santé, d’autres notamment les plus jeunes visent une silhouette bien sculptée, parfois dans l’optique de plaire, voire de séduire. Mais cette quête du corps parfait n’est pas sans risques.

Sur place, l’ambiance est déjà là. Le coach est prêt, tout comme les amies d’Olivia. Tapis de course, vélos d’appartement, rameurs, steppers, machines guidées, poids libres, câbles et poulies, bancs ajustables, tapis de sol, ballons de gym, élastiques, TRX, cages de cross-training… tout est en place. Et la musique entraîne les corps, prêts à se dépasser.

Le gymnase, un temple du corps et de l’esprit

D’après Monsieur Keo, coach sportif et responsable de Gym Health à Lomé, « un gymnase est un espace dédié aux activités physiques, équipé d’outils adaptés à l’entraînement, mais sur une surface plus restreinte qu’un terrain de sport ».

Comme toujours, la séance débute en rythme avec de la Zumba. La fatigue de la journée s’efface peu à peu sous les rires, les échanges complices et les exercices intenses. Pendant une heure et demie, les participantes et participants transpirent, discutent, rigolent… toujours dans le respect des consignes du coach.

Pourquoi s’inscrit-on à la gym ?

Les motivations varient d’un pratiquant à l’autre. Certains y vont sur recommandation médicale, pour améliorer leur santé. D’autres cherchent simplement à se sentir mieux dans leur peau, à gagner en confiance, à renforcer leur musculature ou à retrouver de l’énergie. La salle devient aussi un exutoire contre le stress, voire une aide pour mieux dormir. Et pour quelques-uns, c’est un lieu privilégié de socialisation.

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« Cela fait huit ans que je travaille dans un bureau. Rester assise devant un ordinateur toute la journée m’a fait prendre beaucoup de poids. Je me sentais mal, malade, lourde. J’avais du mal à bouger, mon corps étouffait sous la graisse. Il fallait que ça change. C’est là que j’ai décidé de m’inscrire à la gym », raconte Olivia.

Pour Nadia, responsable d’une boutique de cosmétiques, la motivation est toute autre. Chaque lundi, elle se rend en salle pour entretenir sa « forme de rêve », qu’elle considère comme un atout commercial et sentimental.

« Mon corps, c’est mon premier argument de vente ! Certaines femmes achètent mes produits parce qu’elles veulent avoir la même silhouette que moi. Je sais que j’ai une forme qui plaît (Rires). Même si mes produits sont de qualité, c’est souvent ma personnalité qui séduit en premier. Et les hommes ? Ils ne restent pas indifférents. Pour garder cette allure, je fais du sport, je suis suivie par un coach, et je combine tout ça avec mes produits », affirme-t-elle fièrement.

La salle de sport, un lieu de rencontres ?

 Pour certains, la salle de sport est aussi un terrain de chasse. « Il y a de tout ici. Des gens qui viennent pour leur santé, d’autres pour améliorer leur physique, mais aussi ceux qui espèrent y rencontrer l’amour ou une aventure. Beaucoup de femmes aiment les hommes musclés, et elles savent que c’est ici qu’elles peuvent les trouver. Inversement, les hommes savent que des femmes célibataires, parfois mères célibataires, viennent aussi ici. Alors forcément, des liens se créent », explique Coach John.

Quand le sport dérape

Si la gym est bonne pour la santé, elle peut aussi être néfaste lorsqu’on pousse le corps au-delà de ses limites.

« Il y a des dérives. Soulever trop lourd peut provoquer des blessures graves. L’abus de produits dopants détruit les organes. Et le surentraînement, c’est tout aussi dangereux », Coach Keo alerte.

Gym, comme source de tensions conjugales

Au-delà des risques physiques, la fréquentation des salles de sport peut parfois mettre en péril des relations amoureuses. Monsieur Yves en sait quelque chose. Ce jeune entrepreneur a vu son couple exploser après avoir découvert que sa femme entretenait une relation avec son coach sportif.

« C’est n’importe quoi ce truc. Un coach pour une femme ? C’est dangereux. Je ne le recommanderai jamais à un homme. Dès qu’une femme commence à aller à la gym, mieux vaut intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Les contacts physiques, les regards… tout cela finit parfois mal. Moi, j’en ai fait les frais », raconte-t-il, visiblement encore marqué.

Le professionnalisme comme garde-fou

Coach John ne le cache pas : « C’est un métier à risque. On est constamment en contact avec des gens, et lorsqu’il s’agit de femmes, c’est encore plus délicat. La proximité, la répétition des séances, les vêtements moulants… tout cela crée une zone de tentation. Et ce n’est pas toujours le coach qui flanche ».

Selon lui, seule une posture professionnelle peut préserver l’équilibre : « Le danger est là, mais il faut savoir rester pro. C’est à nous de poser les limites ».

La salle de sport est bien plus qu’un lieu d’exercice. C’est un espace de transformation physique, de dépassement de soi, mais aussi un théâtre social où se nouent (et se dénouent) bien des histoires. Lorsqu’elle est bien encadrée, elle renforce le corps, apaise l’esprit, améliore la santé et booste la confiance. Mais sans vigilance, elle peut devenir le terrain de dérives physiques, émotionnelles ou sociales. L’équilibre ? Il réside dans une rigueur sans faille, un respect mutuel… et une dose de professionnalisme à toute épreuve.

Stan AZIATO

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