Tingban paab, la fête de moisson est l’une des fêtes traditionnelles les plus populaires de la région des savanes. Elle réunit habituellement les populations du Grand-Tône chaque année, le deuxième samedi du mois de décembre, après les grandes récoltes. Sauf que tristement, cette fête perd sa valeur et tombe même dans l’oubliette.
Le fait, passe peut-être inaperçu, mais inquiète des autochtones qui réclament cette fête pour la population et pour l’honneur aux ancêtres.
Tingban paab, une fête de gratitude envers les ancêtres
Tingban paab a en effet pour but de remercier les mânes des ancêtres pour leurs bénédictions en faveur des bonnes productions agricoles et leur protection de la population de la région. C’est aussi une occasion pour les filles et fils du Grand Tône de se ressourcer, de retrouver leur origine et leur identité culturelle afin d’adresser aux ancêtres leurs vœux et leurs souhaits.
Elle est rotative dans les chefs-lieux de préfectures. Le constat est qu’après la célébration de cette fête traditionnelle dans la ville de Mandouri en 2019, cette dernière n’a plus eu lieu, même après la COVID-19. Ceci se justifierait par l’instauration de l’état d’urgence sécuritaire dans la région ?
L’indignation de la population
« Pourquoi nos chefs traditionnelles n’organisent plus Tingban paab ? », la question revient sur les lèvres dans la région. Elle est restée sous éteignoir depuis 2018. Certains expliquent cette situation par le fait qu’à un moment donné, la politique s’est invitée dans l’organisation de la fête.
Le cas justement de l’humoriste blogueur de la région des savanes « Le Chinois », qui, dans une vidéo récemment publiée sur la toile, a dénoncé le fait que la politique soit justement mêlée à cette fête traditionnelle, et qui a causé le ternissement de son image.
Tingban paab pour lutter contre le terrorisme
Selon l’humoriste, au lieu de faire main basse sur cette fête, avec pour prétexte l’insécurité dans la région, on peut à travers elle, mettre les divinités à contribution pour la lutte contre l’extrémisme violent qui sévit dans la région depuis plus de deux ans.
« Nos ancêtres n’existent plus ? On ne peut pas les invoquer pour nous aider à éloigner de nos frontières l’insécurité qui plane ? », s’interroge l’humoriste.
Il plaide pour que la célébration pour Tingban paab puisse reprendre tout comme les autres fêtes traditionnelles afin que ces dernières puissent toujours contribuer au renforcement et au rayonnement de la cohésion sociale entre les peuples, garantissant ainsi le maintien des valeurs culturelles du Grand Tône.
DOUMONE Kasan