Le tramadol est un opioïde de synthèse largement utilisé pour soulager les douleurs modérées ou fortes. Il est considéré comme un « médicament essentiel » au Togo avec un usage limité, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Malgré son utilité médicale, le tramadol est également au cœur d’un problème de santé publique au Togo et dans plusieurs pays africains. Surnommé « la drogue du pauvre », ce médicament a été détourné de son usage initial, provoquant une épidémie d’abus et d’addiction. Et sa disponibilité sur le marché noir, a entraîné une augmentation alarmante des cas d’overdose.
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Le Tramadol : Analgésique essentiel ou fléau addictif ?
Le tramadol est un médicament antalgique prescrit pour soulager les douleurs modérées à sévères chez les personnes souffrant de cancer, venant de subir une opération ou faisant face à des douleurs chroniques. Il est apprécié pour son efficacité, sa relative sécurité, son faible coût et sa disponibilité, le rendant plus accessible que d’autres opioïdes.
« Tout le monde sait que le cancer fait mal et interdire le tramadol serait non seulement une injustice mais ça sera criminel parce qu’on ne saura plus quoi faire aux enfants, le paracetamol ne suffit pas. La morphine est souvent en rupture de stock. Nous n’avons recours qu’au tramadol donc l’interdire dans ces conditions serait vraiment criminel« , avait affirmé Fidèle Ahara, interne au service oncologie du CHU de Lomé, à ARTE en 2019.
Une séquence bouleversante dans laquelle on aperçoit des enfants qui luttent contre le cancer et qui n’ont d’autres choix que d’en prendre…
Les effets pervers de la drogue du pauvre
Malheureusement, le tramadol n’est pas seulement un antidouleur ; il possède également des propriétés euphorisantes. Lorsqu’il est pris par voie orale à des doses élevées, le tramadol peut provoquer des sensations d’euphorie similaires à celles de l’héroïne.
Cette caractéristique en fait une substance attractive pour certains usagers qui cherchent à échapper à la fatigue ou à améliorer leur endurance lors de travaux pénibles.
Classé comme un opioïde « faible » sur le plan médical, il est pourtant responsable de nombreux décès liés à la prise d’antalgiques, se positionnant même devant la morphine dans ces cas.
Une étude montre qu’il est souvent retrouvé sur des ordonnances falsifiées présentées en pharmacie, juste derrière la codéine. De plus, il est facilement disponible sur le marché noir, alimentant ainsi la spirale de la dépendance.
Les ravages du tramadol au Togo
Les effets dévastateurs du tramadol se font particulièrement sentir au Togo. Ce médicament est largement utilisé par les conducteurs de taxi moto, communément appelés « Zémidjan », à Lomé et dans tout le pays. Même des élèves en font usage, mettant en évidence l’ampleur du problème.
Le Port Autonome de Lomé est une des principales voies d’entrée de ce médicament sur le continent. Malgré les efforts de contrôle, le tramadol de contrebande parvient facilement à s’introduire sur le marché, alimentant ainsi la demande croissante.
Face à cette situation alarmante, des mesures sont nécessaires pour lutter contre la propagation du tramadol au Togo. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Yark Damehame, reconnaît la gravité du problème et appelle à renforcer la sensibilisation et à s’attaquer au problème à la source.
« Si parmi les clients, il y a des militaires et des corps d’armée, c’est sérieux. Il faut sensibiliser tout le monde. Nous essayons de mettre en place un mécanisme pour décourager les fabricants », avait-t-il indiqué à l’époque à au média franco-allemand.
La prévention et l’éducation sont essentielles pour informer la population sur les dangers de l’abus de tramadol et les risques d’addiction.
Steven Wilson