Les femmes rurales sont les piliers de la réalisation des profonds changements économiques, environnementaux et sociaux nécessaires, au développement durable au Togo. Malheureusement, l’avènement de la crise sécuritaire dans la région des savanes (extrême nord du Togo) depuis quelques années a considérablement affecté les activités socio-économiques des femmes rurales notamment, celles de Tanbomga dans la Commune Kpendjal Ouest 2 et de Louanga dans la Commune de Tône 4. Elles sont obligées de s’adapter à la situation.
Louanga est un village du canton de Louanga situé à environ 15 Kilomètres de la ville de Dapaong. Là, après les récoltes des produits agricoles, les femmes déplacées et leurs hôtes organisées en coopératives se lancent dans la production maraîchère : la production de la tomate. Autrefois, les bénéfices issus de la vente de tomates contribuaient non seulement à l’amélioration de leur revenus mais aussi à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales et d’ailleurs.
Rien n’est plus comme avant…
Malheureusement depuis le début de la crise sécuritaire, rien n’est plus comme avant. Ces femmes peinent à écouler leurs produits surtout à partir de Février où la tomate abonde.
Les productrices justifient la diminution du nombre des acheteurs par la crise sécuritaire. Ne faisant plus face à la concurrence, les quelques rares acheteurs qui viennent, fixent eux même le prix d’achat du panier de tomate. Ce prix fixé par l’acheteur est catégoriquement en inadéquation aux efforts fournis par les productrices. Le panier de 100.000 Francs CFA est désormais vendu à 15.000F, voire 5.000F. Dans le pire des cas, un panier de 200.000F revient à 20.000F, voire 15.000F.
« Nous sommes obligés d’accepter leur prix car n’ayant plus de preneurs, nos tomates pourrissent. C’est une grande perte ! », déclare Douti Yendouyame.
Plus loin au Nord-Est, à 28 Kilomètres de Dapaong, nous avons des femmes du groupement » Damparou » de Tanbomga. Depuis plusieurs années, elles évoluent dans la collecte des noix de Karité et la production du riz local.
Compte tenu des extrémistes qui font parfois irruption dans les zones reculées, l’accès aux noix de Karité par exemple est devenu difficile. Pourtant, disent-elles « c’est grâce à la vente de ces noix avec le projet Alafia que nous survenions aux besoins de nos familles respectives ».
La scolarisation de leurs enfants et l’accomplissement de certaines obligations de base dans le ménage devient de la mer à boire pour ces femmes rurales.
« Nous ne parvenons pas à ramasser les noix pour vendre. C’est parfois un peu difficile de remettre de l’argent du petit déjeuner à nos écoliers », ajoutent-elles.
De petits commerces pour joindre les deux bouts
Pour la résilience économique des femmes déplacées et leurs hôtes à Louanga et à Tanbomga, elles émettent le vœu d’être formées et accompagnées dans les filières de la transformation des produits agricoles et une formation professionnelle dans la fabrication des savons. Mais en attendant une opportunité pareille, elles se sont reconverties dans des petits commerces qui comblent petit à petit, mais difficilement le vide créé.
De Louanga à Tanbomga passant par Gouadjoaga, Naloate-Carrefour, Tamgbamonte, les femmes déplacées et leurs hôtes ainsi que la chefferie traditionnelle collaborent avec les Forces de Défense et de Sécurité dans la lutte contre l’Extrémisme violent.
« Nous avons accueilli les réfugiés et nous leur avons même donné des terres pour cultiver. J’ai demandé à ma population de toujours signaler la présence de toute personne étrangère…», nous confie le chef canton de Louanga, Yallipagou Moustapha.
Les efforts de l’Etat, appréciés
Pour les femmes rurales de Tanbomga et de Louanga c’est une fierté pour elles de constater les multiples efforts mis en place par l’État togolais et ses partenaires dans la lutte contre les groupes armés. Elles réaffirment leur engagement à coproduire la sécurité. Elle partage leur espoir sur l’éradication de la crise sécuritaire dans la région des savanes : « nous sommes convaincus que nos soldats vaincront l’ennemi par la grâce de Dieu ».
La problématique sécuritaire est devenue un enjeu majeur pour le développement socio-économique des zones rurales de la région des savanes. Le renforcement de l’assistance humanitaire aux femmes déplacées et leurs hôtes dans les zones rurales est un impératif pour une résilience réussie.
DOUMONE Kasan